Comprendre (enfin !) les causes du chômage

Depuis sa création en 2018, l’association DPCC s’attèle à rendre possible un Diagnostic Partagé sur les Causes du Chômage de masse que la France connaît depuis plus de quarante ans. Elle invite les autres demandeurs d’explication à se faire connaître pour communiquer leurs envies non pas de solutions mais de compréhension des causes du chômage.

Pourquoi nous manquons d’explications des causes du chômage?

Comprendre les causes du chômage, ce n’est pas seulement faire des hypothèses sur les raisons des variations du chômage d’une année à l’autre ou d’un trimestre à l’autre.

Le travail à mener est bien plus large que cela. Pour l’association DPCC, « comprendre les causes du chômage », c’est redonner du sens à notre histoire commune comme à nos histoires individuelles,

  • soit en repérant les occasions manquées en France pour rester ou revenir au plein emploi, selon que l’on prend comme point de départ 1960, 1980, 2000 ou toute autre année.
  • soit en comprenant pourquoi, en aucune manière, ces occasions ne pouvaient survenir.

Selon votre âge et selon votre histoire professionnelle et familiale, tous les points de départs n’auront pas le même intérêt pour vous.
Mais que vaudrait une explication qui n’intéresserait que vous ?

Le travail que nous souhaitons voir entrepris à grande échelle est ainsi une première, en dépit de l’ancienneté du sujet.

Pourquoi ce travail n’a pas été entrepris plus tôt ?

C’est à la fois un problème de demande (citoyenne, sociale et politique) et un problème d’offre pour les experts (économistes, sociologues ou historiens) qui ne s’organisent pas pour produire une réponse collective.

Depuis sa création, l’association DPCC a choisi de traiter prioritairement la demande. Un choix qui a nécessité beaucoup de ténacité, mais qui s’avère être le seul possible au vu de l’expérience acquise qui confirme l’intuition initiale.

Quels problèmes du côté de la demande d’explications ?

Une ignorance collective difficile à admettre individuellement

Pour les personnes peu en relation avec les acteurs publics de l’emploi ou avec ceux du dialogue social interprofessionnel, il est très difficile d’admettre qu’il n’y a eu aucun moyen financier public dédié à la recherche d’une explication des causes du chômage, recherche produite dans une logique de recherche fondamentale, indépendamment de la recherche de solutions. Et pourtant:  vous ne trouverez aucun exemple précis contredisant ce constat. Pas un euro public n’a été confié sur ce sujet à des équipes de chercheurs au cours de ces dernières décennies !

Une mission « impossible » pour ceux qui admettent l’inexistence de l’explication.

Le constat est à l’exact opposé pour les connaisseurs avertis du sujet. Pour eux, il est admis et normal qu’un véritable travail d’explication des causes du chômage n’ait jamais été fait : non seulement ce serait un travail  gigantesque à accomplir mais surtout il serait impossible car potentiellement infini. « C’est comme une tâche sur ma cravate » nous dira un jour un spécialiste reconnu de l’économie du travail.

Une mission pourtant bien possible

La méthode que l’association DPCC a progressivement mis au point démontre à l’inverse qu’il s’agit d’un travail réalisable en moins de deux ans avec environ 10 personnes à temps plein.

Vous verrez, en téléchargeant la présentation de la méthode, pourquoi la solution que nous proposons nécessite au préalable un partage des points de vue sur ce que « comprendre les causes du chômage » veut dire. Sans projet de partage, une explication des causes du chômage, même élaborée par le meilleur expert du monde, non seulement serait inutile, mais serait de qualité intrinsèquement médiocre.

 

Quel problème du côté de l’offre d’explications ?

L’offre n’est pas suffisamment stimulée par la demande .

Le seul début d’essai de production d’explication est ainsi une auto-saisine du Conseil d’Orientation pour l’Emploi en 2008.  Celui-ci a réalisé, sans engager des moyens de recherche dédiés, un « rapport sur les causes du chômage ». Si ce document mérite une lecture attentive, le lecteur pressé peut déjà retenir la conclusion de la seconde partie ci -après : « Le tour d’horizon réalisé dans cette partie incite à la modestie sur ce que l’on sait des causes du chômage français. S’il ne fait pas de doute que notre connaissance a beaucoup progressé dans ce domaine, elle est encore aujourd’hui partielle ». Le mot « modestie » était mis en gras dans le texte original. Malheureusement, ce constat de nécessaire modestie n’a pas été suivi d’un projet visant à combler les manques identifiés par les rapporteurs du COE et, depuis près de quinze ans, plus aucun travail n’a été officiellement demandé en France pour comprendre les causes du chômage.

La multidisciplinarité

En dehors du manque de demande, la principale difficulté technique restante, si on prend en compte la proposition de méthode de notre association, se situe dans la recherche d’une complémentarité entre disciplines académiques sans oublier les cloisonnements internes au sein de ces différentes disciplines.

Le constat fait en 1990 par Philippe d’Iribarne dans l’introduction de son livre « Le chômage paradoxal » reste ainsi inchangé en 2022:

« […] ceux qui vouent leurs travaux à l’analyse des causes du chômage sont divisés. Les macroéconomistes et les économètres se consacrent sans trêve à raffiner des théories et des modèles conçus à l’origine pour rendre compte des désajustements conjoncturels de l’emploi. Ils espèrent que le corps de doctrine correspondant finira bien par voir son domaine de validité s’étendre assez pour rendre compte d’un chômage qui dure, et ne s’interrogent guère sur les limites inhérentes à pareil corps de doctrine. Pendant ce temps, les économistes du travail, attentifs à scruter la composition du chômage, conservent une prudente réserve devant les questions que pose son niveau global. Celles-ci ne relèvent-elles pas, à l’évidence, de la juridiction de leurs confrères du premier groupe ? »

L’essor des méthodes prospectives (renforcées par l’arrivée des méthodes d’intelligence collective) devrait désormais permettre de surmonter, enfin, cette difficulté.